Dans le cadre du chemin des ARTS 2 édition à l’ancienne prison de la Réole. Bernard PRIVAT propose une exposition consacrée à la figure « Secrets d’alcôves ». Sebastien PERCHEC y réalise la scénographie et la mise en lumière.
Dès l’entrée, le visiteur est plongé dans un univers mystérieux. Toute source de lumière est occultée et le public s’interroge, plonge vers l’inconnu mais guidé par la main de l’artiste. Les œuvres sont mises en valeur par un jeu de lumière et de placement. Certaines sont accessibles, pour d’autres le public doit s’avancer et aller au-devant de la peinture.
Bernard Privat a choisi de travailler sur les visages car il y a toujours quelque chose à dire sur des portraits. « J’ai voulu me faire défenseur du droit à la différence. Mes portraits interpellent car le mal-être est mis en scène. Les hommes différents ont aussi des choses à dire. Le lieu n’est pas innocent, l’enfermement n’est pas que physique, comme dans une prison, mais il est aussi moral » commente l’artiste.
La bande son qui accompagne l’exposition est là pour ponctuer l’atmosphère du lieu et créer un univers particulier. Une salle est consacrée à l’intimité professionnelle du peintre qui se livre au travers de dessins, de sculptures, d’outils…
« J’aimerais que le visiteur se pose des questions sur la différence et ce qu’elle engendre comme réaction. Mais qu’il puisse aussi dialoguer avec moi ou bien avec son voisin! Vraiment cela sera ma récompense! » conclu Bernard Privat.
Un été avec Bernard Privat dans la prison pour femmes de La Réole, c’est d’abord un échange d’esprits entre lieu et artiste, un prêt de mémoire : les visages d’aujourd’hui vont communiquer avec les figures fantômes de la marginalité. De cette correspondance qui se veut autonome et réactive, le peintre se fait plus avocat que démiurge, car sur l’Internement il y a tant de choses à dire et à prouver que c’est justement le rejet de tout déterminisme esthétique qui peut libérer les paroles, celles encagées un jour pour de vrai, et celles que l’imaginaire se propose de rencontrer dans une réalité neuve (la représentation). C’est par là une invite à la lucidité : une fois transcendées, les souffrances de la psyché s’avèrent non seulement inoffensives, probantes, mais aptes à diffuser leur énergie d’innocence solaire, leur dramaturgie désirée ou non (qu’importe le point de vue, le point de vie).
Privat hétérodoxe. Privat qui enlumine les murs.
Et les secrets deviennent espoir en partage.
